Benjamin Leroux
Benjamin Leroux est né à Beaune, au cœur vibrant de la Bourgogne viticole. Il grandit au milieu des parfums, dans la boutique de fleurs de sa mère, place Carnot. Tandis que les saisons colorent les étals, les arômes envoûtants des bouquets s’entrelacent aux effluves de vin des caves alentour. Dans cette ville où chacun, de près ou de loin, a un pied dans la vigne, Benjamin développe une sensibilité rare à l’odeur, à la matière, au vivant. Sans héritage viticole, il choisit de tracer son propre chemin. À 14 ans, il entre au lycée viticole de Beaune, temple discret d'une jeunesse passionnée. Il n’a pas un sou, mais chaque économie passe dans une bouteille d’un vigneron qu’il admire. La révélation, la vraie, vient d’un flacon d’Amoureuses 85 de Roumier. Une claque. C’est décidé : lui aussi fera naître des vins capables de créer ce vertige, cette émotion pure, viscérale. Des vins de transmission. De lien. De joie partagée. C’est là que commence une quête : celle d’un vin juste, sincère, né de la terre, de la main de l’Homme, et d’un profond respect du vivant.
Benjamin veut comprendre. Tout. Le vin, la vigne, la matière, les hommes. Il fait ses armes au Domaine Comte Armand avec Pascal Marchand, où il découvre une viticulture exigeante et engagée dans la qualité. Il poursuit à Dijon, décroche son diplôme national d’œnologie, puis part loin pour sortir de ses repères. En Nouvelle-Zélande, en Oregon, à Bordeaux, il vendange, observe, questionne. Ces terres nouvelles élargissent son regard. Il comprend que le vin est bien plus qu’un produit : c’est une culture, un langage, un acte d’humilité face à la nature. Le vin ne s’impose pas à l’homme mais il lui survit. Chaque terroir porte une voix unique, chaque millésime une émotion. Un retour aux sources, riche de mille graines semées ailleurs.
À 24 ans, Benjamin revient en Bourgogne presque par hasard, comme si la terre l’avait rappelé. Une place se libère au Domaine Comte Armand, il saisit l’opportunité. Quinze millésimes plus tard, il y aura laissé une empreinte forte en y introduisant l’agriculture biologique, puis la biodynamie. Convaincu que la vigne est un organisme vivant qu’on accompagne plus qu’on ne maîtrise il souhaite maintenant travailler la vigne à sa manière. En 2007, il fonde sa propre structure. Il n’a pas de terres familiales, pas d’héritage. Il construira tout. Il s’approvisionne d’abord en raisins auprès de vignerons qu’il choisit pour leur engagement commun. Cette indépendance devient une force. Elle lui permet d’expérimenter, de chercher la justesse, toujours au plus près de la matière et du vivant. Car ce qu’il cherche, au fond, c’est cette émotion brute, immédiate et subtile, que seul un vin sincère peut provoquer.
Chez Benjamin Leroux, tout commence à la vigne. La cave n’est que la continuité du travail du sol, des gestes répétés jour après jour, saison après saison. Dès le premier millésime, il tisse des relations fortes avec des vignerons de la Côte d’Or qui partagent ses valeurs : respect des sols, agriculture biologique, attention portée à chaque pied. Il ne s’agit pas d’imposer une méthode, mais de réfléchir ensemble, d’avancer avec humilité, à l’écoute des terroirs et des enjeux climatiques. Les décisions sont collectives, mûries avec l’équipe : choisir une date de vendange, ajuster une taille, limiter un traitement. On privilégie les couverts végétaux, on limite le labour pour préserver les sols vivants, et on vendange à la main. Le domaine s’agrandit au fil du temps réparti entre chardonnay et pinot noir, de Chassagne-Montrachet à Gevrey-Chambertin. Chaque parcelle est cultivée comme un jardin, dans une logique de long terme. Car la vigne n’est pas un outil, elle est un être vivant que l’on accompagne, que l’on protège, pour qu’elle donne le meilleur d’elle-même. Ce soin profond, cette rigueur tranquille, c’est l’âme du domaine. Dans ce dialogue silencieux entre l’homme et la terre, l’équipe compte autant que le vigneron.
LA VIGNE
LA CAVE
La cave est un lieu d’écoute. Écoute de la matière, du millésime, du rythme naturel des fermentations. Ici, rien n’est figé. Chaque vendange est unique, chaque jus demande une approche sur-mesure. Le tri est manuel, exigeant. On goûte les raisins, les jus, pour lire en avance ce que le vin peut devenir. Pressurage doux, macérations lentes, foudres, pièces bourguignonnes, amphore, demi-muids ou wine globes : chaque contenant est choisi pour ce qu’il peut apporter et révéler, sans jamais masquer. La matière, les arômes et les goûts orientent les gestes. L’équipe goûte, analyse, échange, teste, ajuste. On déguste tous les jours, on s’adapte. Il n’y a pas de recette, seulement une attention constante. On cherche des vins droits, purs, mais surtout des vins qui parlent d'eux-mêmes. Des vins qui laissent parler leur terroir sans filtre, avec intensité. Qui offrent une émotion immédiate, mais aussi une profondeur, un second souffle au fil de la dégustation. Cette quête, c’est celle de l’équilibre : entre puissance et finesse, entre l’empreinte humaine et l’expression du lieu. Faire un grand vin, pour Benjamin, c’est révéler sans maquiller. C’est offrir à celui qui le boit une résonance, une trace sensible, presque intime. Une sensation claire, sincère, qui reste en bouche comme un souvenir heureux.